L’enclos des mots

(écoute au casque ou oreillettes)

Enfin la parole en trouble-fête
à se foutre que ce soit siècle de relâche pour les consciences
rompues et bénies
alors ?
alors les désirs ne vieilliront pas dans les ventres
et pêle-mêle s’invente l’interdit, au grand jour
enfin la parole
mais

rince-moi la bouche avec des mots d’outre-rengaine
autres que mes mots en peau d’amour prise sur la haine
comme s’il suffisait de retourner une peau de hyène
pour que son rire, le dernier tu, ait bonne haleine

 

Les rappels au désordre quand les certitudes s’attifent
de bastilles-nations promises sans matraque
quand les repaires se montrent honnêtes
et s’autorisent avec enseignes et pas-de-porte
et se congratulent et comptent leur monde et font guinguette
les rappels au désordre
mais

rince-moi la bouche avec des mots d’outre-rengaine
autres que mes mots en peau d’amour prise sur la haine
comme s’il suffisait de retourner une peau de hyène
pour que son rire, le dernier tu, ait bonne haleine

 

Et va la procession des lutteurs désormais bègues
et qui en rajoutent.
avec en lot commun leur commune piété
pour une toujours vierge et vraiment taquine
qui n’en finit pas d’accoucher son rêve d’humanité
pour ce qu’il en est
sacrée révolution
et va la procession
mais

rince-moi la bouche avec des mots d’outre-rengaine
autres que mes mots en peau d’amour prise sur la haine
comme s’il suffisait de retourner une peau de hyène
pour que son rire, le dernier tu, ait bonne haleine

 

Ce peu d’allant qui s’arrange pour trouver les contes
décidément infantiles
et qui les couve encore
mais de moins en moins à jeun.
et d’avoir cru un temps que les murs n’étaient peut-être pas
si hauts
et d’avoir cru un temps que les mots n’étaient peut-être pas
des armes nonchalantes
donne droit à une ristourne
à se partager
au choix
à l’abri des bras ballants qui se glissent dans la zone
ou encore à l’abri d’autres murs mais si bien campagnards
où couver
au moins et à loisir
de vraies salades
ce peu d’allant
mais

rince-moi la bouche avec des mots d’outre-rengaine
autres que mes mots en peau d’amour prise sur la haine
comme s’il suffisait de retourner une peau de hyène
pour que son rire, le dernier tu, ait bonne haleine

 

Il y a aubaine pour les tiroirs-caisses
qui offrent leurs bons offices à ceux qui s’en prennent
à l’enclos des mots
et veulent l’audace de faire chanter les armes.
pour eux griffes et numéros de fabrique sur chaque crosse
et le bon à tuer par toute voie d’idéal
il y aubaine
mais

rince-moi la bouche avec des mots d’outre-rengaine
autres que mes mots en peau d’amour prise sur la haine
comme s’il suffisait de retourner une peau de hyène
pour que son rire, le dernier tu, ait bonne haleine

Paroles, musique, arrangements, tous instruments : T. LaGruve