(écoute au casque ou oreillettes)
On en est là
À s’deviner dans les faux plis
tant repassés de nos envies
Chacun son air de baroudeur
de cancéreux ou bien d’ailleurs
Et ça se masque dans la glace
avec un zeste de grimace
Qui s’aigrissait dans la mémoire
aux souvenirs des jours de gloire
Quand on niquait tous les papas
sans croire qu’un jour on en s’rait là
À vivre peu à vivre rien
rien qu’un p’tit peu sa vie de mutin
Dans les faubourgs de l’apathie
y’a la quiétude qui se fait un nid
Et puis des fois c’est pour se distraire
qu’on prend l’élan de la colère
Tout en rotant un hamburger
on décapsule sa torpeur
Ça rubiconde tout en syntaxe
et notre grandeur on la malaxe
Après c’est l’heure de la tiédeur
du café noir du croissant beurre
On tousse la dernière pantomime
avant d’reprendre une aspirine
On en est là
À faufiler les jours si lourds
et puis les autres et puis l’amour
Et l’on attend le fabuleux
le qui nous rendra plus hargneux
En attendant qu’on nous rassure
on prend bien soin de sa fourrure
Sans prétention on fait son lit
des fois que nuit et après nuit
On passe ses rêves entre les draps
sans croire qu’toujours on en s’rait là
À vivre peu à vivre rien
rien qu’un p’tit peu sa vie de chagrin
Aux courbatures des sentiments
on voit le flou de nos printemps
Qui s’ronge tout seul dans le tiroir
de la cuisine des sans espoir
On s’recompose en pornographe
une gamme qui monte à l’épitaphe
De nos saisons mises en saumure
celles qui goûtaient à l’aventure
On voit ses rides sous le néon
qui se couleuvrent à l’abandon
On compte les ans qui se découragent
et qui préparent les bagages
On en est là
À s’raconter dans une bouteille
chaque rasade c’est du soleil
Qui fait du morse ô pauvre cœur
tu peux partir sans remorqueur
Quand ça frissonne aux rares solives
on s’raccompagne à la dérive
Et si on tremble c’est pas de froid
c’est l’habitude qui n’comprend pas
On a du mal au fond d’sa voix
à croire qu’un jour on en serait là
À vivre peu à vivre rien
rien qu’un p’tit peu sa mort pour rien
Paroles, musique, arrangements, tous instruments : T. LaGruve